3.1 Racisme

  1. Racisme / racialisme

Houria Bouteldja assume utiliser le terme de « race » pour combattre le racisme. Selon elle, la « race » n’est pas une donnée biologique mais une construction sociale et politique. Ainsi, de la même manière que le Capital crée la classe et que le Sexisme crée le genre, le Racisme crée la race. Et la « lutte des races » structure notre quotidien.

Elle emploi également le terme « Blanc » pour désigner la catégorie sociale-politique de ceux que l’État-Nation considère comme seul corps légitime, et trônant au sommet de la hiérarchie raciale, au-dessus des Juifs, Arabes, Noirs, Asiatiques et Rroms.

Elle est régulièrement accusée de racisme, de « racisme anti-Blanc » ou encore de « racialisme » pour l’utilisation de ce vocabulaire. Selon ses détracteurs, c’est parler de « race » qui créerait du racisme, en oubliant toutefois que la « race » existe déjà comme produit du racisme et qu’il est bien nécessaire de la nommer.

Aussi, la gauche, à l’instar de Serge Halimi, lui reproche de subordonner toutes les luttes (de classe, de genre, de sexualité) à la lutte des races. Mais loin de séparer et hiérarchiser ces luttes entre elles, Houria Bouteldja invite à les regarder comme faisant partie d’un tout à combattre : la modernité occidentale

Lui est également attribué un soi-disant rejet des mariages mixtes. Mais elle formule en réalité une critique politique de l’idée selon laquelle le métissage et surtout l’idéologie qui l’accompagne mettraient fin au racisme, alors que le mariage avec les Blancs est souvent fondé sur une illusion de promotion sociale et que les unions intracommunautaires constituent un progrès contre la haine de soi inculquée par le racisme. Aimé Césaire d’ailleurs a aussi critiqué vertement en son temps l’idée du métissage – et non pas le métissage - comme projet politique.

En juin 2007 éclate une polémique autour de son utilisation du terme « souchien » sur le plateau de l’émission de télévision Ce soir (ou jamais !). Alors qu’elle entendait, par ce néologisme, ironiser quant à l’expression de « Français de souche », euphémisme de « Français Blanc », ses détracteurs, au premier rang desquels Alain Finkielkraut et le journal Marianne, l’accusent de traiter les Français de « sous-chiens ».

Poursuivie en justice par l'Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne (AGRIF) – association d’extrême droite - pour « injure publique envers un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance à une religion déterminée », Houria Bouteldja obtient gain de cause devant le tribunal correctionnel, la cour d’appel et la Cour de cassation.

Alors que son livre Les Blancs, les Juifs et nous : vers une politique de l'amour révolutionnaire fait l’objet de controverses intenses, elle reçoit le soutien public d’une multitude de personnalités, comme Ludivine Bantigny, Annie Ernaux, Stathis Kouvelakis, Michel Warschawski ou encore Océane Rosemarie.