Oui à une sévérité exemplaire contre le viol, Non au traitement raciste de Tariq Ramadan, Houria Bouteldja pour les nuls
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Oui à une sévérité exemplaire contre le viol, Non au traitement raciste de Tariq Ramadan

En tant que femme, j’exige que le viol soit sévèrement puni quel que soit l’auteur du crime, Blanc ou Noir.

En tant que femme indigène, j’exige la même répression contre tous les auteurs de viol, Blancs ou Noirs.

Oui, la justice française est patriarcale et, oui, elle est tendanciellement complaisante à l’égard des crimes sexuels notamment lorsqu’ils sont commis par des hommes de pouvoir. Oui, la parole des femmes est constamment méprisée et délégitimée. Mais il y a une exception : lorsque l’auteur est réputé Noir, Arabe, Musulman ou habitant de banlieue.

Là, la justice devient tendanciellement raciste. Les choses s’inversent : les hommes qui sont généralement plutôt protégés au détriment des femmes perdent toute immunité, voire sont condamnés d’avance. Cela est vrai tant pour les délits que pour les crimes. C’est la raison pour laquelle les hommes issus de l’immigration sont surreprésentés en prison.

Croit-on vraiment défendre la cause des femmes en chargeant une catégorie d’homme et en organisant l’impunité des autres ? Croit-on vraiment servir la cause des femmes quand les auteurs – présumés ou reconnus – d’agressions sexuelles caractérisées mais bénéficiant de leur situation de pouvoir jouissent de leur liberté et de leur présomption d’innocence avec le soutien de leurs pairs pendant que Tariq Ramadan, déjà condamné par le tribunal médiatique, écope d’une détention provisoire à laquelle ont échappé et échappent Dominique Strauss-Kahn, Patrick Balkany, Georges Tron, Gérard Darmanin, Denis Baupin, Thierry Marchal-Beck, Frédéric Haziza, Jean-Claude Brisseau, Gilbert Cuzou et tant d’autres. Évidemment, toutes ces affaires ne sont pas similaires mais les différences de traitement médiatique, politique et judiciaire réservé à ces hommes avec celui infligé à Tariq Ramadan, en dit long. Dans le cas de Gilbert Cuzou, plus particulièrement, il est édifiant de noter que même s’il a été mis en examen pour cinq viols, il a pu ressortir libre, dans l’attente du procès. Tariq Ramadan croupit, lui, à Fleury-Mérogis depuis le 2 février.

L’humiliation et le traitement discriminatoire des hommes indigènes ont des conséquences désastreuses sur nos vies de femmes. Ils ont des conséquences funestes sur la vie de nos enfants et de nos communautés qui en paient collectivement le prix.

Quant à l’impunité des hommes blancs en particulier, elle a des conséquences désastreuses sur la vie des femmes en général.

Le silence des féministes sur cette différence de traitement a déjà des conséquences néfastes sur leur propre cause car non seulement le patriarcat se renforce mais en plus cette indifférence ne fait que creuser l’abîme qui existe déjà entre les femmes blanches et celles issues des immigrations post-coloniales dont l’union est pourtant fondamentale pour les luttes d’émancipation.

Ainsi, la seule sortie par le haut qui s’offre à nous toutes c’est d’exiger, quelle que soit l’issue de la procédure concernant Tariq Ramadan, et sans préjuger de sa culpabilité ou de sa non culpabilité, qu’il soit traité sans être humilié, c’est à dire, dignement. A tout le moins comme les autres…ou que les autres soient traités comme lui. C’est urgent et non négociable.

En mon âme et conscience,

Houria Bouteldja

12 février 2018

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