Houria Bouteldja : “Je combats mon intégration”
Ciblée par une virulente campagne médiatique (Le Monde, Le Figaro, Libération, Marianne, Valeurs Actuelles, etc.) l’accusant de « racisme », «d’homophobie » et «d’antiféminisme», Houria Bouteldja n’a pu répondre à ses détracteurs. Et pour cause : aucun média ne l’a sollicitée. Ecueil journalistique corrigé. La porte-parole du Parti des Indigènes de la République (PIR) a accepté de répondre à nos questions. Sans dérobade ni complaisance. Entretien réalisé par Olivier Mukuna
Plus de dix jours de polémique avec la sortie quasi quotidienne d’un article accusatoire contre vous et le PIR : pourquoi aucun média français ne vous donne-t-il la parole ?
Houria Bouteldja : C’est précisément le nœud du problème. On parle de nous mais sans nous. Chacun a son mot à dire, chacun a toute latitude pour déformer ce qu’on dit, mais il serait effectivement très dangereux de nous donner la parole parce qu’on risquerait de rectifier (rire)… En fait, il s’agit surtout de créer une Houria Bouteldja et une organisation politique imaginaire. Créer des « monstres » infréquentables en lieu et place de ce qui existe vraiment.
Quelle est la production médiatique qui vous a la plus insupporté ?
H.B : Probablement, la première, celle du Monde, signée par Jean Birnbaum (1). Tout d’abord parce que le quotidien jouit d’une autorité et d’un grand prestige. Ensuite, parce que cette production se veut objective. Elle se distingue des autres, de droite et d’extrême-droite, qui sont pour la plupart outrancières et beaucoup moins crédibles. Le Monde, lui, a le crédit de la respectabilité. Cet article de Birnbaum évoque une gauche divisée. A partir de ce postulat, d’un point de vue déontologique et journalistique, il fallait donc donner la parole aux représentants des deux gauches. Or, tout au long de son papier, il ne parle que d’une seule gauche, celle qui nous est hostile, et pas de la gauche plus favorable aux thèses décoloniales.
Plus d’un an après la sortie de son premier et brillant essai, qui tutoie les fulgurances de Césaire et Fanon, il reste « difficile » pour beaucoup de débattre avec Houria Bouteldja.
Parallèlement à la défense de la députée Danièle Obono (FI), Libération a publié un article jugeant les accusations de racisme et d’homophobie portées contre vous « moins intéressantes » que celle de votre supposé «antiféminisme » (2) …
H.B : Disons que, dans la grande presse, Danièle Obono est plus facilement défendable que moi car elle milite dans une organisation « respectable ». Il y a néanmoins eu Olivier Tonneau – membre de la France Insoumise (FI), blogueur sur Mediapart et que je ne connais pas – qui a été très correct avec le PIR (3). Pour revenir à Libération, ils n’ont jamais été anti-PIR : c’est pire, ils nous ignorent. Sur les 12 dernières années, depuis qu’on existe, il n’y a jamais eu un seul article journalistique concernant le PIR dans Libération. Juste la recension incendiaire de mon livre (4) et la publication de rares tribunes prenant notre défense, comme celle d’Océane Rose Marie (5). Du coup, avec cet article que vous évoquez, je constate chez Libération une évolution presque positive (rire)… Quant à cet «antiféminisme », il s’agit d’une lecture erronée et tendancieuse de ce que je dis ; ce qui permet à Libé d’être moins vulgairement outrancier que les autres tout en choisissant son camp. Mais bon, c’est déjà plus honnête puisqu’on reste dans le débat d’idées.
Vous n’avez pas de condamnation judiciaire, votre livre paru l’année dernière connaît un essor international, vous êtes invitée à vous exprimer dans plusieurs universités à travers le monde : ce qui ressemble à un procès en sorcellerie ne dérange donc aucun média ?
H.B : Je crois au contraire qu’il arrange tout le monde… C’est beaucoup plus simple de nous diaboliser que de se confronter à ce qu’on dit. La confrontation leur est très difficile et toute cette polémique n’est qu’une fuite. L’un des objectifs de cette offensive médiatique, c’est de m’isoler, afin d’intimider d’éventuels soutiens. Il faut terroriser les sympathisants. Ils cherchent à faire le désert autour de nous. Le sociologue Laurent Bouvet (6), l’a même tweeté au sujet de Danièle Obono (FI) : « Il faut dénoncer à la fois les liens d’Obono avec le Parti des Indigènes et les attaques racistes qu’elle subit ».
Houria Bouteldja.
L’intellectuel Jean Bricmont vous reproche votre « idéologie postcoloniale », définie par lui comme « un sous-ensemble du postmodernisme » (notamment théorisé par Foucault). Selon le physicien belge, proche du linguiste nord-américain Noam Chomsky, vous n’êtes pas une «mauvaise française » mais au contraire « très française ». Qu’en pensez-vous ?
H.B : D’abord, ni le PIR ni moi-même ne sommes dans la pensée postcoloniale : nous sommes dans la pensée décoloniale. Cette pensée précise prend sa source dans l’inachèvement des indépendances des pays du Tiers-monde. Ces pays n’ont pas été entièrement décolonisés du fait que l’impérialisme et le colonialisme se sont métamorphosés de manière très sophistiquée. Excepté la Palestine et certains endroits, l’ancienne forme de colonialisme n’est plus prépondérante. Aujourd’hui, la forme d’oppression coloniale la plus répandue, c’est l’impérialisme sous le masque de la globalisation. Le PIR reprend donc cette analyse qui postule que la décolonisation n’est pas achevée. Et pour décoloniser, il ne s’agit pas simplement de libérer des territoires géographiques, il faut libérer les territoires politiques, l’État, le pouvoir, les grandes instances, la pensée politique ! Cette libération est donc multidimensionnelle et s’attache à la critique du pouvoir : ce que les penseurs sud-américains nomment ‘la colonialité du pouvoir’.
J’ajoute que le PIR s’inscrit aussi dans cette filiation décoloniale avec ‘le sud du Nord’. Pour nous, au Nord, en France comme ailleurs en Europe, il existe des ‘sud’ qui doivent participer au combat décolonial en étant les fers de lance de l’anti-impérialisme à l’intérieur des Etats occidentaux, des démocraties libérales.
Ensuite, je n’ai pas attendu Jean Bricmont pour savoir que je suis très française. J’ai écrit dans mon livre que je suis « blanchie » ! Oui, je suis française. Née et éduquée dans une société donnée, je suis de la culture de cette société. Je n’ai rien à redire là-dessus et ne combats pas cela. En revanche, je combats mon intégration. Parce que celle-ci est une intégration à l’intérieur d’un État-nation lui-même impérialiste. J’ai ma part de responsabilité et, à ce titre, je suis effectivement une blanche. Mais à l’intérieur de l’État-nation, dans mon rapport aux blancs, je suis une indigène parce que les races sociales structurent les relations sociales.
A gauche comme à droite du spectre politique, le PIR est conspué ou diabolisé. Cela signifie-t-il que votre parti a atteint la 3ème étape de la célèbre phrase : «D’abord, ils vous ignorent ; après, ils se moquent ; ensuite, ils vous combattent et enfin, vous gagnez » ?
H.B : Ce qui est sûr, c’est qu’il y a une crise d’identité chez ceux qui nous attaquent. Ils sont les véritables identitaires, en proie à une crise du sens, qu’ils ignorent, et qu’ils voudraient nous mettre sur le dos. Alors que, de notre côté, nous ne nous exprimons qu’en termes de concepts politiques. Mais quel que soit le concept qu’on utilise, ils l’interprètent erronément. Par exemple, lorsque nous parlons de « race sociale », pour nous c’est une production de l’histoire et non du racialisme ; lorsque nous évoquons « les indigènes », ils nous accusent de « communautarisme » sauf que je ne sais pas de quelle « communauté » ils parlent puisque, par définition, l’indigène est un statut. En quoi un antillais et un descendant d’Algériens seraient-ils de la même communauté ? En revanche, tous deux vivent la même condition, le même statut. Bref, je ne vois pas en quoi le PIR serait dans un « délire identitaire », comme le martèlent nos adversaires ?
Houria Bouteldja et son éditeur Eric Hazan (La Fabrique) lors de la conférence de presse de présentation de leur livre « Les Blancs, les Juifs et nous ».
Maintenant, oui, on est en train de gagner du terrain, tant sur le plan idéologique que politique. Une partie de la gauche radicale débat à partir de nos postulats, ce qui la divise et la réforme. C’est très bien. Par exemple, il y a des courants au sein de la France Insoumise (FI) qui représentent un peu les idées décoloniales. Donc, même en marge, ce courant décolonial existe jusqu’à l’Assemblée Nationale. C’est aussi cela que certains trouvent insupportable…
Il faut aussi analyser la situation à partir de la victoire d’Emmanuel Macron. Cette victoire a écrasé tous les courants ultra-islamophobes. Un an avant la présidentielle, on s’attendait à une campagne électorale islamophobe très virulente, se basant sur l’exploitation des attentats et du terrorisme. C’est le contraire qui s’est produit. François Fillon (LR) qui a démarré très islamophobe, a été rattrapé par ses casseroles et a raté son coup. L’islamophobe Manuel Valls (ex-PS) a perdu les primaires contre Benoît Hamon (ex-PS) qui défendait une ligne beaucoup plus soft. L’extrême-droite de Marine Le Pen (FN) a été balayée par Macron (LREM) au second tour. Bref, l’alibi radicalement islamophobe a perdu ! Et nos détracteurs actuels sont largement ceux qui représentent cette ligne ultra-islamophobe et perdante à la présidentielle. Le Figaro, c’est le soutien à Fillon et le sociologue Bouvet, c’est la ligne de Valls et Caroline Fourest. La propagation manifeste de nos idées sont craintes par ces gens-là dont les convictions islamophobes accusent, pour le moment, un net recul politique.
Quelle est l’erreur de votre part ou la critique fondée que vous seriez prête à reconnaître ? H.B : Je dois vous dire que je n’en reconnais aucune (rire)… Bon, on nous reproche souvent de faire preuve de provocation. Peut-être, mais il ne s’agit pas de provocations gratuites. S’il y a provocation, c’est dans le but de créer une majorité décoloniale. Il s’agit de mettre un coup de pied aux fesses à une partie de la gauche radicale dont nous disons, nous-mêmes, qu’elle est la fois notre allié privilégié et notre adversaire premier. Le PIR n’a donc pas choisi la droite ni l’extrême-droite. Nous sommes dans une perspective constructive sauf que la gauche blanche reste blanche. Et si celle-ci veut gagner du terrain, il va bien falloir qu’elle s’allie aux quartiers populaires. Or, les habitants de ces quartiers, on ne les convainc pas avec du marxisme-léninisme ou du républicanisme à la Mélenchon ! Les quartiers populaires, les citoyens issus de l’immigration, ont leur propre agenda et des problématiques largement liées au racisme d’État et à l’impérialisme. A un moment donné, il va bien falloir que cet agenda devienne celui de nos partenaires.
Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise (FI) ont du mal à accepter vos priorités ?
H.B : Oui, particulièrement celle du racisme d’État… En réalité, ils sont dans un tel confort idéologique que lorsque quelqu’un développe une autre vérité, il est tout de suite catalogué en «provocateur». Nous ne sommes pas dans la provocation : nous nous attaquons à tous les angles morts de la pensée progressiste. On ne laisse rien de côté ! Le rapport aux juifs, aux femmes, aux homosexuels, aux quartiers populaires, à la race, etc. On traite toutes ces questions d’un point de vue décolonial. Et on ne se laisse pas imposer des grilles d’analyse qui ne s’adaptent pas à notre condition spécifique.
D’aucuns, dont Jean Bricmont, jugent que votre démarche politique fait davantage monter le racisme plutôt que le réduire…
H.B : D’abord, pour moi, Bricmont n’est pas du tout une référence. Ensuite, une telle conclusion signifie qu’ils ne nous laissent aucune possibilité. Soit nous devons suivre la gauche, être la cinquième roue du carrosse – alors que la gauche a toujours trahi les citoyens issus de l’immigration voire participe de leur oppression avec son islamophobie – et répondre à leurs sollicitations pour battre la droite sans qu’aucune de nos questions ne soit politiquement prise en charge ; soit on ne fait rien et on se fait écraser de toute manière. Non. Nous, nous faisons le pari de nous organiser, d’aller chercher nos alliés et de créer de nouvelles alliances ! En fait, ce que ces gens comme Bricmont nous disent, c’est de rester des sujets apolitiques, de rester passifs et attendre que les choses se passent. Or, la situation empire et ce n’est pas parce que les Indigènes existent ou revendiquent qu’il y a soudain une flambée de discriminations. Celles-ci existent avec ou sans le PIR. Notre parti ne se contente pas d’y réagir mais propose une nouvelle société. Frantz Fanon disait vouloir créer « un homme nouveau ». C’est ce que le PIR reprend et ambitionne : nous voulons créer un nouvel humain et ça se fera avec nous.
D’autres se demandent comment vous supportez la récurrence de ces accusations médiatiques, qui ne datent pas de ces derniers jours mais se répètent depuis plus de 10 ans ?
H.B : Si on nous accuse de tous les maux, on nous aime également par ailleurs… On oublie souvent que le PIR est très apprécié en France. Par exemple, lors de la campagne des Législatives ou lorsque je faisais la promo de mon livre, partout où je suis allée : les gens nous adorent ou au moins nous respectent ! Au sein des indigènes comme parmi les blancs, on nous aime beaucoup. En fait, il y a les élites qui ont accès aux médias et puis les gens qui ne sont pas médiatisés… Dans le milieu militant, on travaille avec plein de gens formidables avec lesquels on a tissé des liens de confiance et d’estime réciproques. J’ajoute que le PIR est aussi extrêmement apprécié à l’étranger. Ce qui nous a conduit à travailler aux USA, avec Angela Davis, avec le réseau décolonial, au Maghreb ou aux Antilles. Lorsqu’il se passe des évènements en France, des gens nous appellent d’Australie pour recueillir notre avis ! C’est quand même autre chose… Cela ne signifie pas que le PIR fait l’unanimité chez les indigènes, car nous remuons des choses et créons du débat en interne. Il n’y a pas de processus d’adulation mais des franges du champ politique et intellectuel nous suivent et nous respectent. Ce n’est pas si mal et ça permet de relativiser les articles ineptes de la presse française.
Franco Lollia, porte-parole de la Brigade Anti-Négrophobie (BAN) aux côtés d’Houria Bouteldja, porte-parole du PIR.
Quelle est aujourd’hui l’attitude des intellectuels français qui ont pris votre défense dans Le Monde (7) ? L’éditorialiste Jack Dion les a qualifiés de « soldats perdus » (8) tandis que Le sociologue Laurent Bouvet a jugé qu’ils avaient commis « un crime contre la pensée »…
H.B : Je n’ai pas eu de retours directs de leur part. Cette initiative de soutien leur est propre et je ne connais pas la plupart d’entre eux. J’imagine simplement qu’ils prennent la mesure de ce que signifie me soutenir… Pour ce faire, il faut un certain courage, une constance, de la personnalité et surtout savoir bien distinguer son véritable ennemi (rire).
Que dites-vous aux citoyens racisés qui comprennent l’enjeu politico-médiatique autour de votre personne, ont envie de se solidariser mais ont peur de connaître une diabolisation semblable à la vôtre ?
H.B : J’ai envie de leur dire que, dans les années 30, il y avait aussi des personnes, qui subissaient les mêmes pressions, avaient peur pour leur famille et leur situation. Beaucoup étaient terrorisés et, même s’ils voulaient défendre les juifs, ils ne l’ont pas fait pour beaucoup… Chacun doit prendre ses responsabilités. Celles et ceux qui se taisent se rendent co-responsables de ce qui adviendra. Pour autant, je pense que les blancs ont un peu plus de responsabilités que les indigènes et doivent même aider les indigènes à nous soutenir. Parce que, d’une part, les indigènes se trouvent dans une situation plus précaire que la majorité des blancs et, d’autre part, il reste difficile pour des indigènes « installés » d’écrire et de signer une tribune semblable à celle parue dans Le Monde [dont les signataires sont tous blancs, ndlr]. C’est encore le privilège blanc que de pouvoir se permettre une telle expression et prise de risque. D’ailleurs, pour l’instant, rares sont les personnalités indigènes ayant une visibilité médiatique à m’avoir soutenue. Du côté des militants de l’antiracisme politique, il y a eu Sihame Assbague ou Omar Slaouti. Du côté intellectuel, il y a eu Raphaël Confiant et Maboula Soumahoro ou Mireille Fanon Mendès-France. Rien de surprenant, ce sont ceux qui déjà s’affichent et prennent des risques. Mais il n’y a pas eu une véritable levée de boucliers d’indigènes.
Comment l’expliquez-vous ? Par une certaine peur ou le désir de se protéger ?
H.B : Pas seulement. Il n’y a pas que la peur… Il n’est pas interdit de penser que, pour certains indigènes installés, nous sommes des entraves, plus un problème qu’autre chose. Parce que notre démarche politique les oblige, quelque part, à plus d’engagement, à se radicaliser davantage et donc à prendre des risques. C’est intéressant, car cela laisse entrevoir nos futures contradictions, en termes de classe notamment.
Selon une des signataires de la tribune du Monde, vous avez « une pensée qui travaille les catégories existantes pour mieux s’en échapper ». Dès lors, vous seriez « en avance sur [votre] temps ». Vous êtes d’accord ?
H.B : D’une certaine manière, oui. Tout ce qui travaille la société, tout ce que nous disons aujourd’hui, demain, seront des évidences. Ce qui ne signifie pas qu’on va « gagner ». Gagner voudrait dire que nous serions parvenus à faire advenir un monde décolonisé. Or, je suis trop pessimiste pour penser que cela arrivera de notre vivant. Par contre, sortir de notre marginalité, parvenir à créer des alliances, pousser notre mouvement et conquérir des espaces politiques, c’est en cours. Assurément. En 2005, on était déjà en avance. Lorsqu’à l’époque, nous avons lancé notre « Appel des Indigènes de la République » (9), une majorité le trouvait trop provocateur ou caricatural. Aujourd’hui, malgré la virulence de ceux qui nous attaquent, beaucoup le signeraient ou n’y trouvent rien à y redire. Comme Olivier Tonneau qui a repris et valorisé un extrait de notre Appel dans son dernier article sur Mediapart. Il a été très conséquent… Enfin et surtout, je ne me considère pas comme une innocente. Je pars du postulat qu’en vivant dans les sociétés occidentales, on profite du pillage. A ce titre, on est responsable. On ne peut pas pleurer sur l’Afrique et penser que la solution c’est d’aller donner du riz aux Africains. Il ne s’agit pas « d’aider» mais de remettre en cause le fonctionnement profond de nos sociétés. Et ça, c’est le minimum.
Notes