Louisa., Houria Bouteldja pour les nuls
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Louisa.

Publié le 10 mars 2022.

Louisa Yousfi, vous savez la meuf qui vient d'écrire "Rester barbare" à La Fabrique ? (https://lafabrique.fr/rester-barbare/). Je vous explique.

Quand elle est entrée au PIR, par le biais de notre chasseur de tête qui se reconnaitra, je me suis méfiée.

Déjà, elle était pas tordue, pas névrosée, pas susceptible, pas parano, pas jalouse, pas fragile. Tout le contraire. Elle était disciplinée, ponctuelle, loyale, droite. En plus, fine, intelligente, stratège, talentueuse et gracieuse dans son écriture. Le genre de qualités indispensables mais magiques quand tu te meus dans la faune militante indigène. Franchement, c'était too much. Je me disais, d'où ça existe les arabes comme ça ? Je suis pas la plus parano des militantes, mais vu tous les cas soc qui sont passés chez nous, j'étais pas loin de penser qu'elle nous avait été envoyée par la CIA (oui, nous les militants on a un égo surdimensionné, on pense tous que la CIA s'intéresse à des microbes comme nous). Bref, une indigène comme ça, impossible. Elle travaille pour l'ennemi, c'est sûr.

Comprenez moi. Elle avait tout pour elle. Le profil idéal, la beurette parfaite : belle, gros capital culturel, si elle veut, elle se marie avec un riche qatari (mais ouais ça aurait été un peu beauf). En, tout cas, elle pouvait prétendre fréquenter les journaleux des Inrocks, la jet set du monde intellectuel et médiatique parisien puisqu'elle sait parler le Socrate, le Kant et le Spinoza mais aussi le Booba et le PNL. Un orteil dans les quartiers et un pied dans le beau monde. Et puis elle est pas voilée. Tout pour plaire, tout pour réussir.

Du coup, qu'est-ce qu'elle venait brûler ses vaisseaux chez des pouilleux comme nous ? Trop louche. J'en ai rencontré plus d'une, et avec moins d'atouts, quand elles nous voyaient, elles changeaient de trottoir. Et même que je les comprenais les pauvres, celles qui nous évitaient. Enfin, non je les déteste, en fait.

Et puis, j'ai compris quelque chose. Elle était très attachée à ses parents. A sa mère - évidemment - et à son père en particulier. C'est à dire pas achetable par le récit raciste sur les pères et les frères. Avec ça, pas moyen d'en faire une beurette intégrée. Et sa rencontre avec le PIR l'a définitivement éloignée du mirage intégrationniste . Dans ma tête, j'ai commencé à voir se dessiner une magnifique équation dont la résolution serait comme un rêve :

Amour des siens + intelligence politique + talent d'écriture = Baldwin.

Encore un de mes délires ?

Non, je viens de finir son livre. Louisa vient de réaliser un rêve.

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