Contrôle au faciès: le combat va désormais redoubler d’intensité
Publié le 4 octobre 2013 sur le site du PIR.
Après la décision du Tribunal de grande instance de débouter les 13 citoyens de leur plainte contre l’Etat, leur avocat, Félix de Belloy, a déclaré: «Cette décision ne fait que confirmer que les contrôles d’identité restent encore en France une zone de non-droit». Même son de cloche chez Houria Bouteldja, présidente du parti des Indigènes de la République, qui constate, par ailleurs, qu’«il n’y a aujourd’hui aucune raison de penser que les contrôles au faciès ont reculé depuis l’arrivée de François Hollande à l’Elysée».
Cette décision du Tribunal de grande instance qui déboute les 13 plaignants de leur action en justice contre l’Etat pour contrôle au faciès ne me surprend aucunement. Notons que cette décision de justice est rendue sous un gouvernement socialiste mais celui qui dort par terre ne peut pas tomber de son lit. Pour ma part, je n’ai jamais eu la moindre illusion sur le Parti socialiste ou sur la social-démocratie… Ils sont bien loin les engagements du candidat Hollande de mettre fin aux contrôles de polices abusifs. Une fois n’est pas coutume, un socialiste arrivé au pouvoir trahit ses promesses de campagne, à l’instar d’un François Mitterrand qui avais promis, dans les années 1980, de donner le droit de vote aux étrangers. On attend toujours…
Un moment “historique”, voire même “héroïque”
Pour autant, l’Etat encourage-t-il le contrôle au faciès? Il l’entérine en tous les cas. Et ainsi tolère, au sein de la République française, des pratiques de discrimination raciale. La chose est peu surprenante. Le pouvoir a toujours besoin d’affirmer sa force, c’est l’un de ses fondamentaux et la police est un pilier de l’Etat particulièrement en situation de crise. La police est la garante de la stabilité de l’Etat et de sa toute puissance. Il est rarissime qu’un Etat désavoue sa police et à fortiori lorsqu’il celle-ci est mise en cause non pas par la France d’en bas, mais par la France d’en dessous de la France d’en bas, c’est à dire une France encore considérée comme illégitime parce que noire, arabe ou musulmane.
Cependant, et même s’il n’y avait que peu d’espoirs sur son issue, cette audience demeure un moment “historique”, voire même “héroïque”. Ces treize citoyens qui ont osé – et pour la première fois – attaquer l’Etat en justice n’ont pas manqué de courage. Leur démarche a eu pour mérite de placer au centre du débat les contrôles au faciès et a suscité beaucoup d’engouement dans les quartiers. Dans les jours et semaines qui viennent, cette décision de justice va donc sensibiliser un nombre toujours plus grand de citoyens sur cette pratique discriminatoire. Du côté des militants, le combat, lui, ne va faire que redoubler.
Les droits fondamentaux des citoyens, ni plus ni moins.
Au législateur désormais de prendre ses responsabilités. Il n’est, ici, question que de justice sociale. Quelle est la revendication dans cette histoire? Que tout le monde soit traitée de la même manière, quelles que soient ses origines ou sa couleur de peau. Ce qui n’est tout de même pas la mer à boire dans une République qui se prétend égalitaire. Le collectif contre le contrôle au faciès ne demande que l’application des droits fondamentaux des citoyens, ni plus ni moins.
Sans avoir de chiffres précis sur le terrain, il n’y a aujourd’hui aucune raison de penser que les contrôles au faciès ont reculé depuis l’arrivée de François Hollande à l’Elysée. Et ce, dans la mesure où Manuel Valls s’enorgueillit régulièrement de mener une politique sécuritaire ferme et qu’il ait parvenu, en septembre 2012, à enterrer le projet des récépissés.
Un acquis qui viennent des luttes plutôt que le bon vouloir du prince
Le fait est, la question des récépissés ne pouvait être une fin en soi. Sur ce sujet, je préfère des solutions bien plus politiques. Il me semble que seule la mobilisation des populations issues des quartiers populaires est à même de modifier le rapport de forces actuel et ainsi, mettre un frein à ces pratiques discriminatoires. Autrement dit, je préfère un acquis qui viennent des luttes que le bon vouloir du prince. Je crois bien davantage à cela même si de manière évidente, cette voie-là ne peut être empruntée que sur le long terme.
Nous rentrons ainsi dans la campagne des municipales. il serait intéressant de sanctionner, par un vote populaire, les candidats qui ne se positionnent pas clairement contre les contrôles au faciès et plus généralement les violences policières. Et également, sur le phénomène de l’islamophobie. Ce sont deux problèmes majeurs dans ce pays qu’il serait essentiel d’imposer comme des thèmes inévitables de campagne. Ne ratons pas ce rendez-vous!
Source : NewsRing