A Farida Belghoul et aux héritiers de la Marche « des beurs » (Deuxième partie), Houria Bouteldja pour les nuls
Stratégie,  Théorie/analyses

A Farida Belghoul et aux héritiers de la Marche « des beurs » (Deuxième partie)

Publié le 26 mai 2014 sur le site du PIR.

La progression du FN aux élections municipales et sa victoire aux européennes témoignent à la fois de la crise profonde des partis institutionnels et de la gauche dans ses différents courants mais aussi du rejet de l’Europe. Il renseigne également sur l’adhésion d’une partie non négligeable de l’électorat français au projet nationaliste/raciste. La réponse politique ne pourra pas se réduire à des cris d’orfraie ou à des appels pathétiques au sursaut républicain. Il est urgent de penser des alternatives sur le long terme et notamment avec une partie de ce peuple de France que la gauche blanche ne saurait voir : le peuple indigène des banlieues qui, si on apprend à le regarder et à le respecter, pourrait devenir une partie de la solution. Bien que ce texte ait été écrit en amont des élections européennes et de leurs résultats, il offre une analyse et des propositions stratégiques qui vont dans ce sens et qui dessinent les contours de ce que nous appelons un « internationalisme domestique ».

Etat des lieux

Nous venons de fêter les trente ans de la Marche pour l’égalité et contre le racisme et je n’ai rien de positif à dire. Nous avons raté la fête qui devait pourtant célébrer un évènement fondamental : le surgissement dans l’espace public et politique du sujet postcolonial au sein d’une république théoriquement universelle, mais blanche en pratique. Pourtant, nombre d’acteurs se promettaient de ne rien manquer des célébrations : des plus institutionnels[1] aux plus ou moins autonomes. Mais personne n’aura saisi l’instant. Car sur le théâtre des opérations, ne rodaient que des ectoplasmes et des fantômes. A l’exception notable de Dieudonné et Farida Belghoul[2], véritables divas de ce trentenaire.

On ne peut que le déplorer amèrement car l’anniversaire de la marche contenait une promesse : celle de faire payer au parti socialiste trois décennies de vilénie. A la veille des élections municipales, il n’était pas exclu d’engager les hostilités. Et en effet, le PS a redouté les commémorations. Depuis longtemps et de l’aveu même de la Garde des Sceaux[3], il avait envoyé ses émissaires sonder le terrain et prendre la température. Le contentieux historique entre le PS et l’immigration allait-il ressurgir et ternir la campagne municipale ? SOS racisme se mourait et nous étions tous là, impatients, d’entendre son dernier râle. N’a-t-on pas vu Sainte Caroline au chevet du mourant en marraine éplorée,  implorant les pouvoirs publics de ranimer le moribond ? Et patatra ! La bonne fée se penche sur son lit et le ramène à la vie le temps d’une mascarade médiatico-politique. Un enfant « innocent » traite Taubira de « guenon ».  L’antiracisme moral se remet en selle par la grâce d’une Noire, caution idéale et inespérée. Elle est l’antithèse des Bachaga Boualem, Rachida Dati et autres Fadéla Amara. Elle est femme à poigne, anciennement engagée dans les luttes indépendantistes. Elle est  noire. Elle a défendu et fait voter les lois de reconnaissance de la traite négrière et du mariage pour tous. Last but not least, elle se réclame de Damas, Fanon et Césaire. Sans états d’âme, elle se prête avec bienveillance à l’instrumentalisation de son image afin de restaurer le temps d’un anniversaire, l’antiracisme d’État et le mythe républicain à un moment providentiel : la veille d’un moment dont l’immigration aurait du se saisir pour jouer à minima son rôle de trouble fête. Ne faisons pas d’angélisme. Le PS fait son travail, et la Ministre de la justice joue son rôle de fonctionnaire de l’État français. Mais pourquoi diable les voix dissidentes, véritablement antiracistes, ont-elles soutenu cette garde des sceaux tellement femme et tellement noire ? Dieu merci, la communion nationale n’a pas eu lieu. Trente ans de chassé-croisé gauche, droite, trente ans de renoncements, trente ans d’abandon des couches populaires, trente ans de droitisation du champ politique ont eu raison des velléités antiracistes. L’antiracisme moral est à l’agonie mais la gauche institutionnelle et la bonne conscience antiraciste rechignent à enterrer le cadavre.  Le deuil s’éternise. Mais heureusement, il y a des Dieudonné et des F. Belghoul pour leur envoyer des décharges électriques. A y réfléchir, l’immigration était bien de la fête, mais sous la tutelle d’un nouveau maître, et pas des moindres, l’extrême droite. Faut-il s’en inquiéter ? Les lucides ne peuvent que se féliciter de cette mise en évidence brutale des profondes fractures qui divisent le champ politique. Dieudonné et F. Belghoul agissent ainsi comme des révélateurs. Pour ma part, je leur sais gré de deux choses :

– Leur folle dérive exprime l’existence des indigènes et témoigne à la marge de leur colère. Les indigènes sont dans la place. Tels des chevaux ombrageux, les descendants d’immigrés s’ébrouent avec fracas et ruent dans les brancards. Le pote s’est transformé en emmerdeur. Il hait son ancien protecteur et il le lui fait savoir. Il ne s’embarrasse ni de la bonne morale, ni de la bienséance. Il est impoli. Il crache sur la gauche et la nargue en flirtant avec son ennemi déclaré : l’extrême droite. Nous assistons à un mouvement de libération paradoxal : nous nous libérons de la tutelle d’un maître pour nous soumettre à un autre. C’est un mouvement de balancier qui a mis trente ans à se réaliser. Faudra t-il attendre trente autres longues années ? Rien n’est moins sûr. Mais pour le penser et, tout du moins le freiner, il faut être un peu gramscien et conserver l’optimisme de la volonté…Ou si on veut, faire de la politique.

-On est en droit d’espérer que ce trauma ait des conséquences fécondes qui d’une part permettent de repenser l’autonomie et d’autre part, de décrypter les discordances entre les héritiers de l’immigration postcoloniale et les projets de transformation sociale. Les perspectives à venir sont inhérentes à cet anniversaire  humiliant qui au final marque la fin d’un cycle. Essayons de positiver et envisageons les dieudonneries et belghouleries comme des épreuves opportunes.

Sur les deux trublions acquis au soralisme, nous avons dit l’essentiel[4]. Passons.

Avant d’aborder les questions stratégiques liées à la lutte contre la violence d’État (brutalités policières, islamophobie, impérialisme), il convient de comprendre l’impasse dans laquelle nous nous trouvons. Aussi, je me propose à travers le cas concret des tentatives d’auto-organisation du PIR et du Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP) de saisir les limites objectives de l’autonomie[5]. Enfin, je proposerai au terme de cette analyse, à la fois en tant que militante politique mais également partie prenante de ces tentatives d’organisation, quelques pistes stratégiques qui prendront en compte les conditions matérielles des espaces de l’immigration pris en tenaille entre leurs aspirations à l’autonomie et leurs dépendances objectives.

Du bon usage d’un héritage

L’héritage des luttes de l’immigration est un fardeau. Et l’héritier, un marcheur qui doit avoir  le souffle long. Il y a deux façons de commémorer : commémorer pour enterrer ou commémorer pour survivre, poursuivre et se renforcer. La plupart des célébrations de la marche ont été autant d’oraisons funèbres. Mais envers et contre tout, il est important de commémorer pour exister politiquement, c’est-à-dire tirer les leçons de la Marche, de ses suites et ainsi prétendre à l’héritage. S’il y a une obsession qui a martelé le cerveau de tous les traumatisés de la récupération du PS et de SOS Racisme, c’est bien celle de l’autonomie. C’est cette question cruciale qui a découragé nombre de militants ou qui a poussé certains d’entre eux vers le repli et le syndicalisme de quartier, c’est elle qui a façonné la culture de la méfiance maladive vis-à-vis des organisations de gauche et c’est elle que tous nous recherchons pour que plus jamais nos luttes ne soient inféodées à des enjeux qui servent des intérêts autres que ceux de l’immigration et des habitants des quartiers. C’est sur le fumier de cet échec que prospère Soral. Maintenant que la commemorite est passée, il faut rembrayer et continuer de marcher. Actons que nous avons raté le rendez-vous des trente ans de la Marche mais soyons clairvoyants sur les raisons : nous sommes dépendants, nous sommes usés et aigris.  L’autonomie n’est pas rentable à court terme sur le plan collectif. La négociation avec les forces de gauche ou de droite favorise les carrières et l’individualisme politique. Nous sommes écrasés par le champ politique blanc[6]. Pourtant,  auto organisation et autonomie politique constituaient le credo du jeune mouvement immigré émergeant des années 80. C’est dans la dynamique de la Marche pour l’Égalité qu’aura lieu six mois plus tard, le premier rassemblement traitant de manière explicite de la nécessité d’un mouvement autonome et de ses conditions politiques d’existence (Assises nationales des jeunes immigrés, Vaulx-en-Velin, Villeurbanne Juin 1984). Ces  premières rencontres nationales s’organiseront principalement autour de groupes associant les initiateurs des Forums Police /Justice et les acteurs d’une mouvance associative nouvelle et balbutiante de type jeunes immigrés lesquels s’inscrivent indéniablement dans le prolongement de la Marche de décembre 1983. La deuxième Marche, Convergence 84, ne fera pas exception[7]. Les  journées de juin 1984 laisseront le souvenir de profondes dissensions mais également de débats qui seront l’occasion d’une première critique de la Marche de l’Égalité, tout en esquissant des tentatives de réponse en termes de modalités d’organisation à l’issue desquelles s’opposeront deux  tendances distinctes :

– les tenants de l’ouverture du mouvement naissant à d’autres forces sociales au titre de la défense d’intérêts communs ;

– et les partisans de la construction d’une organisation autonome de l’immigration préservée de tous risques d’allégeance.

Par la suite, les perspectives de regroupement à venir seront confrontées de manière chronique à cette problématique fondamentale inhérente à un mouvement social de l’immigration dont la possibilité d’existence exige l’observation d’au moins deux propositions préalables, l’une procédant de l’autre : Les principes de l’autonomie organisationnelle (autonomie financière incluse) et politique.

Il est de notre devoir de poursuivre cette œuvre d’autonomie politique que ces Marcheurs avaient entamée et que d’autres dans leur sillage ont tenté d’assurer tant bien que mal dans des conditions d’extrême précarité[8]. Force est de constater que rares sont les acteurs de l’immigration et des quartiers qui ont su donner un contenu politique à la notion d’autonomie, l’abandonnant à des frontières floues, parfois par impuissance, parfois par dépendance, parfois par amateurisme, parfois par opportunisme et calcul politique. En d’autres termes, l’autonomie radicale à un prix que personne ne veut ou ne peut payer. Elle a pour synonyme libération du champ politique blanc tant sur le plan idéologique qu’organisationnel, elle a pour synonyme création d’un rapport de force qui ferait des héritiers de l’immigration des acteurs à part entière, elle a pour synonyme la conquête du pouvoir ou du moins une part du pouvoir. Pas facile de larguer les amarres…

Je voudrais ici m’attarder sur une expérience qui à défaut d’avoir été concluante, est riche d’enseignements pour qui veut comprendre le défi que représente le projet d’autonomie. Au centre du dispositif, le FUIQP qui s’est constitué au lendemain des troisièmes rencontres de l’immigration, dédiées à Frantz Fanon, en novembre 2011. Le regroupement a été le fruit d’un compromis entre d’une part les ambitions démesurées d’un projet décolonial ayant pour clivage, la race et la colonialité du pouvoir avec comme perspectives la lutte des races sociales contre la suprématie blanche (projet porté par le PIR) et  d’autre part les revendications à la fois pragmatiques, urgentes et raisonnables des habitants des quartiers en termes de justice sociale et acceptable par le logiciel politique de gauche (projet porté plus ou moins par de nombreux espaces se revendiquant des quartiers). Ce projet était largement en deçà des prétentions du PIR (décoloniser la république et créer une majorité décoloniale) mais prenait en compte les pesanteurs et les dépendances objectives des associations de terrain dont l’action politique est bridée. Aussi, s’est bâti un programme autour de la lutte contre l’islamophobie, les violences policières, les droits des chibanis correspondant aux urgences et aux marges de manœuvres des associations de quartiers. S’inscrivant dans la filiation de la marche pour l’égalité et de la révolte de novembre 2005, le Front dénonçait l’installation durable de la paupérisation et la précarisation, l’amplification du racisme institutionnel, la multiplication des contrôles aux faciès, les crimes et abus policiers ainsi que leur impunité, les discriminations  systémiques et systématiques, et enfin l’islamophobie, devenue courante et portée par les plus hautes autorités de l’État. Il s’inscrivait bien entendu dans l’histoire des luttes anticoloniales et dénonçait toute forme d’impérialisme. Jusqu’ici, rien de très original. Mais la spécificité de FUIQP était que malgré son contenu idéologique identifiable et acceptable par l’extrême gauche, il rompait avec les organisations de gauche. Associative, syndicale ou politique, la gauche n’avait pas été autorisée à s’engager dans le Front. Ce fut le principal saut qualitatif et une expression concrète de l’autonomie organisationnelle assumée comme telle. Ainsi deux appels furent lancés[9]. Le premier s’adressait exclusivement aux associations et mouvements issus de l’immigration postcoloniale. Il disait : « l’histoire de nos luttes passées et présentes nous a, en effet, appris que seule l’existence d’un mouvement auto-organisé est susceptible de garantir que nos intérêts et revendications ne sont bradés sous prétexte d’unité. Exister c’est exister politiquement disait Abdelmalek Sayad. C’est pour avancer vers cette perspective qu’il est urgent que les damnés de la terre se réunissent. Nous signataires appelons chacune des associations, organisations ou regroupements des quartiers populaires et/ou issus de l’immigration à prendre ses responsabilités pour faire des troisièmes rencontres des luttes de l’immigration une étape significative de l’auto-organisation des quartiers populaires. Ensemble faisons entendre notre voix dans la campagne des présidentielles de 2012 et jetons les bases collectives d’un mouvement radical des quartiers populaires. »

Le second s’adressait aux organisations de gauche : « Nous sommes en effet conscients que notre combat se réalise contre un système social qui comporte d’autres oppressions et exploitations. Le convergence est une conséquence nécessaire mais nécessite une alliance entre égaux ».

La rupture était enfin assumée. De nombreuses associations nous ont rejoints[10]. Malheureusement, nous n’allions pas tarder à comprendre les limites objectives de cette autonomisation organisationnelle car très rapidement et malgré les concessions programmatiques, nous avons été confrontés 1/ à la question des élections municipales et des listes autonomes, 2/ à la commémoration de la marche pour l’égalité qui devait avoir lieu un an plus tard.

Le Front était théoriquement autonome mais pas les associations qui le composaient. La plupart avaient un fil à la patte, la plupart allait traîner des pieds pour empêcher tout projet de listes autonomes porté par le Front et qui fatalement auraient concurrencé les listes de gauche et notamment du Front de gauche et du PC. Faut-il préciser qu’un certain nombre d’associations locales dépendent des subsides et de la logistique de collectivités locales dirigées entre autre par des formations politiques de gauche ? Faut-il également préciser que les associations locales sont souvent composées de militants indigènes liés peu ou prou aux organisations de gauche ? Certes les associations du Front ont franchi un pas décisif, sans doute dans l’espoir de créer un rapport de force leur permettant un plus fort pouvoir de négociation mais pas au point de larguer les amarres et de se laisser emporter par les eaux troubles de l’autonomie radicale. Ainsi, toute velléité de proposer des listes autonomes là où le Front était ancré, était tuée dans l’œuf dès le départ. Soit ! Mais quid de l’anniversaire de la Marche ? En conformité avec la filiation historique dont nous nous revendiquions, nous avions acté le lancement de la commémoration le 3 décembre 2012, jour pour jour, un an avant les 30 ans. Objectif : assurer le leadership des héritiers sur la commémoration, incarner un renouveau des luttes, peser lors des municipales 2014 en faveur des listes autonomes et ce à l’échelle nationale[11]. Un mot d’ordre consensuel : Droit de vote des immigrés. Le 3  décembre 2012, et contrairement à la décision prise, le lancement n’a pas eu lieu. Les raisons de la reculade ne sont pas connues de nous et n’ont jamais été officialisées. De toutes les hypothèses, en voici une que nous pouvons retenir sans que l’on puisse sérieusement nous chercher querelle : La présence du PIR comme organisation totalement autonome suscitait les pires craintes. Allions-nous déclarer la guerre à la gauche de gauche ? Allions-nous par conséquent risquer de priver certaines composantes du FUIQP de leur ressources matérielles ou symboliques fournies par les institutionnels ? Pourtant le pari était jouable ! Notre petite expérience nous prouvait que nous avions à plusieurs reprises et de manière autonome su organiser des manifestations de rue rassemblant entre 3000 et 5000 personnes sur des délais parfois très courts (1 à 3 mois). L’espoir de rassembler 10 000 personnes le 3 décembre 2013, dans la plus stricte autonomie, mais forts de la charge émotive produite par la marche et la colère des concernés, et avec l’appui des soutiens extérieurs, était un pari gagnable. C’était hélas déjà trop ambitieux. Trop des nôtres ont les pieds englués dans les marécages du champ politique blanc. Très vite, le vide laissé par nous allait être comblé par des initiatives suffisamment habiles pour ménager la chèvre et le chou.

Ce n’est pas par hasard si seul le PIR, l’une des rares organisations politiques à pratiquer l’autonomie radicale (organisationnelle, financière, politique et idéologique) à été écarté du regroupement qui allait organiser la marche du 7 décembre 2013[12]. Pourtant, nous aurions dû en être. En effet, nous avons toujours affirmé être les héritiers des luttes anticoloniales et de l’immigration. L’affirmation de cette filiation est souvent perçue comme une posture esthétique. Elle est tout sauf ça. Elle signifie que nous avons tiré les enseignements politiques de tel échec, et de nos insuffisances. Cela signifie que nous nous sommes nourris de nos échecs collectifs, des analyses d’étapes qui ont été faites par des observateurs lucides et impliqués, que nous avons pu faire un diagnostic approfondi de nos forces et faiblesses, de la structuration et des enjeux qui charpentent et le champ politique blanc et le champ politique immigrés, que nous avons réfléchi à des alternatives à l’intégrationnisme, colonne vertébrale des politiques publiques de contrôle et d’encadrement des immigrés et de leurs enfants. Mais, ironie du sort, la réalisation de notre autonomie sera notre principale faiblesse. C’est ce que nous avons appris à notre corps défendant puisque nous n’avons pas été invités aux premières réunions qui allaient donner naissance au collectif « Égalité des droits-justice pour tou-te-s » et qui a réuni des représentants d’organisations de l’immigration ayant une sensibilité de gauche (FSQP, FUIQP, FTCR, Agence Im’Média, ATMF, ACLEFEU…) et des militants d’organisations de gauche (NPA, Agir contre le colonialisme, UJFP). Notons au passage, l’absence aveuglante des associations musulmanes ce qui renseigne sur le caractère « eurogauchiste » du  regroupement. Soyons justes, ce collectif s’est d’abord constitué dans la volonté d’échapper à l’énorme entreprise de diversion de la mouvance PS auquel cet anniversaire allait immanquablement donner lieu. Il avait raison sur ce point. De plus, les axes revendicatifs étaient clairement centrés sur le racisme d’État, les brutalités policières et les droits des immigrés[13]. Nous le suivons également sur ce point. Mais il faut raison garder : Il n’y avait aucune intention de récupérer de la part du pouvoir. Entre occuper l’espace médiatique, ce que celui-ci sait faire avec brio, et récupérer, il y a une marge qu’il faut savoir apprécier. Car aucun parti de gauche, que ce soit le PS, le Front de gauche ou le PC, ne nous trouve suffisamment rentables comme force organisée pour tenter une quelconque récupération. Le scénario de 83 ne pouvait pas se renouveler puisque les mouvements de l’immigration ne pèsent pas, ou très peu Pour appâter les grandes officines, encore fallait-il être capable de mobiliser en nombre dans la rue. Les États Majors savent que nous ne sommes pas capables d’en faire la démonstration. Ayant échoué à créer un véritable rapport de force, nous ne pouvions même plus prétendre être des objets de convoitise. En revanche des militants encartés ou proches de ces partis avaient, eux, un intérêt : celui de peser à titre individuel dans leurs organisations respectives ou leur zone d’influence. Et c‘est leur participation qui, au final, fixera les limites de l’autonomie du regroupement. Ainsi, ni la présence de Mehdi Lallaoui ou Samia Messaoudi, proches du PS et animateurs de l’association « Au nom de la mémoire », de la FTCR (qui prêtait ses locaux pour les réunions) dont l’un des membres éminents, Tarek Ben Hiba est élu du Front de Gauche ou de Patrick Farbias, membre d’Europe Écologie/Les Verts et fondateur de « Sortir du colonialisme », dès les premières réunions ne sont fortuites. Bien sûr, ils auront la pudeur de ne participer qu’au titre de leurs associations respectives, cache-sexe de leur appartenance ou loyautés politiques. Quant aux autres, ils auront la pudeur d’oublier ce détail. Faut-il préciser ici qu’ils et elles ont parfaitement le droit d’agir pour que l’immigration reste dans le girond de la gauche si telle est leur conviction ? On leur reprochera seulement de ne pas l’assumer et surtout d’agir objectivement contre toute tentative d’autonomisation. L’essentiel est donc ici d’appréhender au plus près les mécanismes de notre éviction et par conséquent de ce qui rend l’autonomie irréalisable pour le moment. Ainsi, ils envoyaient des signaux clairs au camp dit progressiste dont le contenu ne pouvait que rassurer leurs amis de trente ans : les mouvements de l’immigration resteront arrimés à la gauche. De telles garanties ne pouvaient que ravir le cœur[14]. En retour, ils attendent d’être adoubés et espèrent conforter leur position d’indigènes d’honneur au sein de leurs organisations (ou de blancs amis des indigènes). Peut-être, bénéficieront-ils de leviers et de moyens de pression plus importants ? Quant aux autres, soit par conviction naïve (élargir le plus possible quel qu’en soit le prix), soit par copinage, soit par calcul, ils accepteront le deal car liés peu ou prou à cette gauche de gauche (idéologiquement, organiquement, matériellement) avec laquelle ils feignent de jouer à Tom et Jerry pour maintenir une illusion d’autonomie. Entretenant eux-mêmes des liaisons dangereuses avec la gauche de gauche (une partie étant elle-même liée au PS), ils ne peuvent que tolérer ceux qui jouent les courroies de transmission directe avec la sociale démocratie. La trop grande transparence de ces manœuvres fera reculer une partie des premiers signataires qui se fendra d’un communiqué annonçant son retrait du collectif à peine une semaine avant la marche ![15] Ainsi, pendant que certains héritiers s’auto célèbrent sous le patronage bienveillant et pas si discret du PS[16], d’autres festoient ou supportent bon gré, mal gré les alliés de la sociale démocratie (la présence de nombreux militants beurs du PS lors de la manif du 7 décembre 2013 était significative de ce point de vue – et l’absence de pontes comme Assouline, une délicatesse). Au final, cet anniversaire restera comme l’occasion manquée pour les militants de l’immigration de surmonter leurs divisions et réagir à la hauteur de leurs engagements de jeunesse et préserver ce qui pouvait l’être encore mais c’était compter sans la manne financière exceptionnelle de 455 000 euros, débloquée par le Ministre socialiste François Lamy pour  financer le coût des festivités. De toute évidence, ce pactole inespéré par temps de crise, aura eu raison des atermoiements de quelques cadres beurs[17][18] et pour lesquels le terme autonomie est devenu presque une injure, l’histoire des luttes de l’immigration une fable pour enfants et la légitimité un passe droit. Certes, l’autonomie ne pousse pas sur les arbres et certainement moins encore dans les cabinets ministériels et autres officines pourvoyeuses de subventions publiques ! Nous devons reconnaître que le retour inattendu de la gauche socialiste aux affaires ne laissait pas présager une nouvelle idylle aussi rapide avec les entremetteurs des affaires de l’immigration. Le légitime droit d’inventaire s’imposera à tous car il n’est pas concevable d’envisager les luttes à venir en éludant le bilan critique de ce fiasco collectif.

Perspectives stratégiques entre autonomie radicale et gauche blanche

Avoir le souffle long et un bon gouvernail, se projeter loin mais savoir naviguer à vue, tel doit être notre crédo. Un observateur, même inattentif, des luttes de l’immigration sait cela : il y a trois grandes questions qui mobilisent les descendants d’immigrés : le racisme et, en particulier sous sa forme la plus offensive depuis vingt ans, l’islamophobie / les violences policières / la Palestine et l’idéologie qui justifie la violence de l’occupation israélienne, le sionisme. Penser un projet politique enraciné dans les quartiers et l’immigration et qui négligerait ces trois dimensions est un non sens. Une gauche de gauche convaincue qu’elle doit réaliser ses objectives avec les fractions les plus opprimées du peuple ne peut pas sous estimer ces trois dimensions cardinales. Si l’on prend en considération 1/ la nécessaire mais lente et tortueuse auto-organisation des descendants d’immigrés et des habitants des quartiers (horizon lointain), 2/ la nécessaire mais lente recomposition du champ de l’antiracisme autour du racisme d’État et de son imbrication avec l’impérialisme (horizon lointain)[19], 3/ des situations d’urgence sociale (horizon très court), il devient urgent de définir une stratégie commune à court et moyen terme qui respecte nos autonomies respectives et développe  ce que Sadri Khiari appelle un « internationalisme domestique »[20] : comprendre qu’une fraction de l’empire colonial est aujourd’hui au sein de l’hexagone, que la fracture coloniale/raciale est un clivage structurel interne à la métropole et que l’heure n’est pas à la solidarité avec les immigrés et leurs enfants mais à la construction d’alliances. Dans l’immédiat, et en parallèle des mouvements autonomes de l’immigration et des quartiers qui doivent impérativement construire un rapport de force dans un horizon de vingt ans, trois grands fronts potentiellement convergents mais non superposables doivent voir le jour à l’échelle du pays. Ils doivent être la synthèse des trois contraintes citées ci-dessus et ne doivent s’adresser pour l’heure qu’aux plus convaincus car l’absence de rapport de force en notre faveur ne nous permet pas de viser au-delà des secteurs déjà acquis. En d’autres termes, ils doivent combler deux vides : celui des mouvements autonomes organisés à l’échelle nationale mais matériellement irréalisables dans l’immédiat et celui de l’antiracisme blanc radical qui peine à se recomposer autour des victimes réelles du racisme d’État, ce qui a pour conséquence de livrer des dizaines voire des centaines de milliers de familles à l’arbitraire du pouvoir et auxquelles on ne peut décemment pas dire : « Au lieu de vous lamenter sur votre isolement et le manque de solidarité de la « communauté », participez à la construction d’un mouvement politique. D’autres vous ont précédés dans cette épreuve, et d’autres vous succéderont. Sans organisation, nous ne pourrons jamais rien faire ». Ce langage est non seulement obscène mais il est inaudible. Or c’est bien autour de ces familles, et plus largement des communautés musulmanes, noires et Rroms que doivent s’esquisser les contours de cet internationalisme domestique. Celui-ci, n’aura pas vocation à remplacer les mouvements autonomes qui doivent poursuivre leurs objectifs propres, il n’aura pas vocation à remplacer un mouvement politique généraliste de quartiers dépositaire d’un vrai programme de transformation et une stratégie propre, il n’aura pas pour vocation à recomposer la gauche sur une ligne de classe. Il aura pour fonction d’être le point de convergence d’intérêts communs, une zone tampon où les uns trouveront appui et solidarité dans leurs luttes immédiates et où les autres pourront rétablir une confiance qui s’érode depuis trente ans. Désormais, cette confiance coutera cher mais le gain potentiel est inestimable : Permettre la vie ou la survie d’une possibilité révolutionnaire. A défaut, ce sont les secteurs les plus réactionnaires qui risquent d’emporter la mise. Mais pour réaliser ces fronts, condition sine qua non, il faudra abattre le gauchisme. Idéologues, orthodoxes, puristes, ici s’arrête votre lecture. En effet, ces fronts ne pourront pas se constituer sur des bases idéologiques claires et partagés par tous (marxisme, luttes des classes, lutte des races, lutte des genres). En revanche, leur objectif unique (lutte contre l’islamophobie/lutte contre les violences policières/lutte contre le sionisme) défini comme oppression structurelle devrait faciliter des regroupements larges si l’alliance politique n’est conditionnée que par l’adhésion au dit front. Pour le dire autrement, la composition des fronts sera relativement homogène, cohérente et harmonieuse s’agissant de la lutte principale portée par ledit front mais sûrement très hétéroclite et traversée par d’innombrables contradictions si la lutte était articulée à d’autres questions ou conditionnée par l’adhésion obligatoire à des « valeurs » ou identité communes (anticapitalisme, lutte contre le sexisme, l’homophobie, …). Ce point devra être intégré à nos coordonnées politiques et être assumé publiquement. Notre seule intransigeance sera le refus des alliances avec des formations politiques ou associatives émargeant à la droite des Verts. Prenons en compte ici que localement, les familles trouvent appui souvent appui sur des groupes d’extrême gauche et parfois (et à défaut de mieux) sur les formations existantes comme Europe Écologie, le Front de Gauche ou le PC qui fournissent personnel et logistique. Nous serons sûrement plus efficaces si nous faisions de la pureté idéologique et programmatique éventuellement un objectif à long terme, plutôt qu’une exigence de départ. Pourtant, même ce projet de fronts qui n’est au fond qu’un compromis pragmatique pour obtenir des résultats concrets, ne sera pas facile à mettre en œuvre tant les méfiances sont fortes, les caprices d’organisations récurrents et les conservatismes pesants. Chacun, en fonction de ses appartenances « raciales » devra jouer le rôle d’avant-garde auprès des siens. Cela nécessitera un travail énorme. Et pourtant, sauf miracle – car je ne veux pas insulter l’avenir – il faudra bien s’y résoudre.

1/ Un large front contre les violences policières et le milieu carcéral

En l’absence de mouvement politique fort en capacité d’imposer un agenda au champ politique blanc, les familles endeuillées (le plus souvent africaines ou maghrébines) sont démunies et isolées face au monstre froid qu’est L’État. Le plus souvent, elles se retrouvent seules face à l’administration. Une affaire en chassant une autre, les crimes policiers bénéficient de la complicité de l’État et restent impunis. Seules les familles les plus déterminées parviennent à faire vivre leur comité de soutien[21]. Un grand front à l’échelle national rassemblant toutes les forces des quartiers et celles de gauche engagées contre les violences policières (du simple contrôle au faciès jusqu’au crime) pourrait : exiger un moratoire sur la police à l’échelle nationale (audit public, avec participation des habitants et habitantes, autour des crimes policiers et de l’arbitraire policier), la suppression de la BAC et l’arrêt total des marchés publics pour les armes non létales… C’est aussi dans le cadre de ce regroupement que doit s’organiser un vaste débat sur la dépénalisation des drogues. Nous savons tous que c’est l’économie parallèle et sa pénalisation qui envoie les plus gros effectifs de jeunes hommes en prisons et qui détruit leur vie. Ainsi, le Front serait aux côtés des victimes dans les comités de famille, aux procès… et leur fournirait toute l’assistance dont elles ont cruellement besoin. Toutes les tentatives ont jusqu’ici échoué. Il sera donc impératif avant tout nouvel effort, d’analyser les ressorts de ces échecs successifs.

2/ Un large front contre les discriminations raciales et l’islamophobie

Depuis l’affaire de Creil (1989), l’État démultiplie la geste républicaine et les lois raciales sous le blanc vernis de la laïcité traduisant ainsi sa volonté de réaffirmer son empire sur six millions de musulmans. Il exprime aussi sa crainte que ceux-ci, forts de leur potentielle autonomie cultuelle ne finissent par lui échapper complètement en s’autonomisant sur le plan politique. Comment assurer le contrôle d’une communauté musulmane qui semble vouloir obéir à des principes transcendant le cadre national-républicain ? Comment contrecarrer son potentiel défaut de loyauté? Dans cette tâche, il est secondé par tout un pan de la société française, jaloux de ses privilèges. C’est ainsi qu’il faut comprendre, à la fois les actes et agressions racistes de nazillons et groupes paramilitaires et le défaut de solidarité d’une grande partie de la société civile qui tacitement approuvent et partagent avec les agresseurs – non pas forcément les méthodes musclées – mais l’esprit. Ainsi, sur un plan très « institutionnel » mais en même temps comme revendication d’urgence, un front large pourrait exiger : le retrait de toutes les lois islamophobes et en particulier celle du 15 mars 2004, la mise en place de commissions ou enquêtes parlementaires pour favoriser les expressions culturelles de l’islam, la fin des politiques clientélistes vis-à-vis de « l’islam de France », une politique de foncier à bas prix pour la construction de lieux de culte à l’échelle nationale pour éviter que les mairies « achètent » des mosquées à l’échelle locale, des accommodements raisonnables dans les administrations, des enquêtes sur les proportions de non-Blancs dans les administrations, et leur répartition entre titulaires et non titulaires de la fonction publique, des fonds allouées à la recherche pour effectuer des enquêtes dans le secteur privé sur le taux d’embauche de non blancs par rapport aux blancs mais aussi proposer une politique générale de lutte qui sache généraliser ces faits et comprendre leur logique d’ensemble. Enfin, il pourrait défendre des revendications plus générales, qui visent les institutions en brisant les illusions sur un État neutre racialement, et en proposant de démanteler les leviers principaux du pouvoir blanc : arbitraire judiciaire, policier, discrimination dans les administrations et absence de recours vis-à-vis de discriminations indirectes dans le privé.

3/ Un large front contre la politique pro-sioniste de la France

L’impact du couple Dieudonné/Soral et leur déclaration de guerre contre le « sionisme » nous pousse à comprendre qu’il est urgent de repenser la définition du sionisme et de l’antisionisme à partir de fondements historiques, sociaux et politiques. Un large front serait ainsi l’espace de la re-politisation de l’antisionisme mais également l’affirmation de sa nécessité. Il s’opposerait de manière ferme et déterminée à toute collusion avec l’extrême droite, le racisme et les thèses complotistes. De plus et de manière toute aussi déterminée, il s’opposerait à toute forme de philosémitisme suspect qui n’est au fond qu’une forme déguisée de l’antisémitisme. Cela aurait ainsi le double avantage d’éduquer politiquement tant une partie des indigènes acquis au soralisme qu’une partie des blancs de gauche pétris de bons sentiments. Il aura forcément comme colonne vertébrale le refus du sionisme sous quelque forme que ce soit et une action déterminée contre la politique pro-israélienne du pouvoir français, contre le soutien à Israël de l’État, des forces politiques et de l’Union Européenne sur les plans politiques, économiques et culturels. Dans cette optique, il participerait et populariserait les actions BDS.

Pour conclure, l’action conjuguée de ces trois fronts jetterait les bases d’une recomposition réelle et contrôlée de l’antiracisme autour de trois grands piliers du racisme et partant, de ses victimes. Elle contribuera au renforcement de l’antiracisme politique et ruinera, on l’espère, les projets moralistes. De ses avantages, et pas des moindres, elle rattachera l’antiracisme à la marche pour l’égalité, aux crimes policiers et aux discriminations qui étaient son moteur mais également à tous ces keffiehs, qui, noués autour du cou des marcheurs, clamaient déjà, « pas d’antiracisme sans antisionisme » ou mieux, sans anti-impérialisme. Nous pourrons alors tous revendiquer : « 1ère, 2ème, 3ème génération, nous sommes tous des enfants de la Marche ».

Première  partie  : A Farida Belghoul et aux héritiers de la Marche des « beurs ». Du bon usage d’un héritage, Houria Bouteldja

Houria Bouteldja, membre du PIR

 Notes

1 « L’histoire des Maghrébins et Moyen-Orientaux au cœur de nos diversités ».

Le film La Marche qui en dépit d’un soutien institutionnel exceptionnel (projection du film à l’Élysée, à l’Hôtel de Ville de Paris, au Ministère de la ville et à l’Assemblée Nationale sera un échec cuisant.

2 A Farida Belghoul et aux héritiers de la Marche des « beurs ». Du bon usage d’un héritage, Houria Bouteldja

3 Entendu par l’auteure le 14 novembre 2013 lors de la projection du film La Marche à l’IMA

4 –  A Farida Belghoul et aux héritiers de la Marche des « beurs ». Du bon usage d’un héritage, Houria Bouteldja

– Dieudonné au prisme de la gauche blanche ou comment penser l’internationalisme domestique ? Houria Bouteldja

– Dieudonné, les Juifs et Nous, PIR


5 Lire notre analyse : L’évolution en ciseaux des champs de l’antiracisme, Houria Bouteldja et Sadri Khiari.

6 Pour une politique de la racaille, Sadri Khiari, éditions Textuel

A ce propos, il est remarquable que 30 ans plus tard, le documentaire « Les Marcheurs – Chronique des années beurs » de Samia Chala, Naïma Yahi et Thierry Leclère laisse apparaître deux figures controversées du mouvement beur (Convergence 84Zaama d’banlieue) connues comme les plus farouches défenseuses de l’autonomie et qui essaiment aujourd’hui, l’une dans les rangs de l’UMP et l’autre au sein de la nouvelle extrême droite française (Égalité et Réconciliation).

8 Comité national contre la double peine, JALB, MIB…

9 Deux appels, un seul combat : les troisièmes rencontres nationales des luttes de l’immigration.

10 Premiers signataires: Ile de France : FFR Filles et Fils de la République (94) ; Respaix Conscience Musulmane (94) ; PIR Parti des Indigènes de la République(93) ; Collectif Vérité et Justice pour Ali Ziri ; La FTCR Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux rives ; Réveil des Consciences (Mantes la Jolie) ; les Indivisibles ; AMF Association des Marocains de France ; ATMF Association des Travailleurs Maghrébins de France ; MQJS mouvement des quartiers ; Autres régions : ANDC : Algériens du Nord pour le changement et la Démocratie (Nord), Place publique (Maubeuge), Quartiers Nord-Quartiers Forts (Marseille), AJC REVé, agir contre le racisme, l’exclusion et la violence (Avignon), Collectif des Chibanis PACA, FRACHI Fédération des acteurs intervenants auprès des Chibanis(Marseille) ; ARD Association Rencontre et Dialogue (Roubaix) Collectif Afrique (Lille), CSP 59 Comité des Sans Papier 59 ; CAP Med (FTCR) ; Association CH’FAID (Libercourt 62) ; ATNF association des tunisiens du nord de la France (Villeneuve d’Ascq).

11 Précisons que ce dernier point n’était défendu que par certains membres du Front.

12 Le Collectif national Egalité des droits-Justice pour tou-te-s

13 Liste des organisations politiques soutenant l’initiative de l’extérieur : Fédération pour une Alternative sociale et écologique (FASE), Gauche Anticapitaliste (GA), GA54-FASE, Les Alternatifs, Gauche Unitaire,  Parti Communiste français (PCF), Europe Ecologie Les Verts (EELV), Emergence, Force citoyenne populaire (FCP), Front Populaire de Tunisie (section France), NPA, La voie démocratique – Paris (Maroc), Fédération anarchiste, OCML- Voie-Prolétarienne, Union démocratique Bretonne

14  Pourquoi on ne manifestera pas le 7. Lettre Ouverte au Collectif « Égalité des droits, Justice pour tous ». Nous avons été de ceux qui ont initié la création du collectif « Égalité des Droits, Justice pour Tous ». Ce collectif avait pour objectif de soutenir les initiatives locales réalisées par des acteurs de l’Immigration et des quartiers populaires. Il devait élaborer une position commune faisant un bilan lucide de la situation après plus de 30 ans de luttes. Cette démarche devait garantir une autonomie de notre parole dans le contexte d’une commémoration téléguidée par le gouvernement. Au jour d’aujourd’hui, nous sommes obligés de constater que les objectifs du collectif ne sont pas plus à l’ordre du jour, et qu’il s’est transformé en une tribune pour des partis et mouvements politiques qui trouvent des vertus à perdre la mémoire. Dénoncer la politique actuelle du gouvernement ne doit pas servir d’alibi pour faire passer par pertes et profits les responsabilités de toute la gauche et l’extrême gauche dans la liquidation du mouvement beur et qui, bien souvent encore aujourd’hui, ne répondent pas aux exigences requises pour l’émancipation des gens de l’immigration et des quartiers populaires. Loin de se complaire dans une valorisation d’anciens combattants, ces exigences nous imposent de faciliter et d’accompagner l’émergence d’une nouvelle génération engagée dans des luttes sociales. Elles nous imposent ainsi de proposer des outils à cette génération afin qu’elle puisse affronter les défis de l’avenir et participer au renouvellement d’une vie politique française qui se refuse toujours à voir la vérité de notre présence en face. Enfin, l’utilisation de l’émotion suscitée par des actes racistes n’est pas une politique en soit et nous savons à quoi nous en tenir quand on nous parle de constituer un front anti-raciste unitaire. Surtout, par dignité, il n’est pas question pour nous de participer à une comédie où finalement l’indécence l’emporte pour faire de Mme Taubira la « Habib Grimzi » censée booster un antiracisme qui, malgré des moyens considérables, n’a pu empêcher Le Pen de se présenter au 2ème tour d’une présidentielle, ni l’entrée de deux députés FN à l’Assemblée nationale, et qui masquera les dérives sécuritaires d’un Manuel Valls ou d’une Samia Ghali.
Aussi plus que jamais, nous réaffirmons la nécessité de concentrer les efforts sur le travail de transmission, de mise en œuvre de démarches ambitieuses pour renouveler l’éducation populaire et politique, qui s’appuient sur le patrimoine politique des luttes des quartiers et de l’immigration. Nous ne marcherons pas le 7 décembre pour servir une unité de façade qui veut faire l’impasse sur les désaccords politiques avec nos « faux » amis qui marchent pour leur cause et leurs intérêts. Nous ne sommes pas les colleurs d’affiches de la Gauche de la Gauche.
L’Echo des Cités, Nous Femmes d’ici et d’Ailleurs, Justice pour le Petit Bard, Valeurs des Quartiers –Agora, Taktikollectif, Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie, DiverCité, AMIS.

15 Lire à ce propos, la lettre du Raco : Quartiers populaires dans la tourmente politicienne.

16 Mohamed Mechmache apportera son soutien officiel au candidat PS de Clichy-sous-Bois.

17 Mohamed Mechmache (AC Le Feu), candidat écolo aux européennes.

18 L’évolution en ciseaux des champs de l’antiracisme, Houria Bouteldja et Sadri Khiari

19  Nous avons besoin d’une stratégie décoloniale, Sadri Khiari

20 Collectif Ali ZiriVies voléesUrgence notre police assassine …

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